Le loup de mer et le loup de terre

Un jour, le loup de mer reҫu la visite du loup de terre. Les deux se connaissaient déjà depuis l’école des loups. Le loup de mer avait parcouru le monde et vécut beaucoup d’aventures et il rentra chez lui riche de trésors et d’expériences. Le loup de terre était resté chez soi dans sa tannière. Il rencontra une louve de terre et eut des louveteaux de terre. Et maintenant, il a beaucoup de petits-louveteaux et des arrière-petits-louveteaux, et tous sont devenus de vrais, bons loups de terre.

«Parfois j’aimerais refaire ma vie», dit le loup de terre au loup de mer. «C’est la même chose pour moi», dit ce dernier. «Je ferais beaucoup de choses différemment», dit le loup de terre. «Oui, moi aussi», répondit le loup de mer. «Je naviguerais les océans», rêva le loup de terre. «Je me marierais», soupira le loup de mer. «Je vivrais des aventures», expliqua le loup de terre. «J’aurais des louveteaux», dit le loup de mer. «Je serais un loup de mer riche. J’aurais vécu des expériences  périlleuses et magnifiques, dont je pourrais raconter les histoires», dit le loup de terre avec enthousiasme. «Moi, j’aurais des petits-enfants et des arrière-petits-enfants qui m’aimeraient et qui s’occuperaient de moi quand je serais vieux et malade», assura le loup de mer.

«Et ce serait moi qui serait maintenant assis avec toi dans cette tannière de loup de mer», continua le loup de terre, « …et moi avec toi… », rajouta le loup de mer. Le loup de terre hocha la tête : «Et puis maintenant tu me dirais : “Parfois, j’aimerais bien refaire ma vie” et moi, je répondrais : “Oui, c’est la même chose pour moi.”»

Snail and Vole

A story by Katharina Lamprecht

A vole watched a snail, which dipsy-doodled along a path and asked her: “Why do you crawl so arduously back and forth? Doing that it takes you much longer to get forward”. The snail sighed. “That’s true, but I always look on both sides of the path for something to eat. When I´m on the left side I keep thinking, that there might be better food on the right. When I´m on the right side I think the same and therefore go back to the left. I´m always afraid that I will overlook some yummy greens”. The vole understood perfectly. “I´ll help you. I´m a big taller than you are and walk in the middle of the path, that´s a good lookout. You can stay on the right side and in case I see something worth coming over to the left, I´ll let you know”. And in this way they went on. The vole saw many lush and juicy herbs on the left side, but it didn’t say a word. Because now, giving all her attention to just one side of the path, the snail found enough treats. After a while, as the snail discovered that she found enough to eat, she thanked the vole for the help and went on by herself. Just following her path.

Le village de montagne

J’ai demandé à un client : « Si vous voulez, imaginez-vous une fois votre vie comme un village de montagne, dans lequel le fleuve a débordé et a amené beaucoup de boue et d’éboulis. Après ce malheur le conseil municipal se réunit avec les villageois, les pompiers et la protection civile et ils discutent de ce qui est à faire. Il arrive tout d’abord des gens avec des pelleteuses, des bulldozers et des camions pour enlever le plus gros des éboulis. Pouvez-vous vous imaginer cela ? » « Oui. » « Vous pouvez voir comment ils déblaient tout ça. Après l’équipe de rangement il arrive des gens avec des tuyaux et des balais. Ils enlèvent toute la boue et le sable du village, toute cette saleté qui est venue de l’arrière-pays. Vous pouvez voir comment ils font tout couler vers le bas dans la vallée. Vient ensuite l’équipe des artisans. Il y a des maçons, des plâtriers, des peintres, peut-être aussi des électriciens, des installateurs, des stucateurs, des restaurateurs. « Que font-ils d’après vous ? » « Ils peuvent plafonner ou cloisonner. » « Exact. Quoi d’autre ? » « Poser une moquette. Câbler. Placer des tringles à rideau. » « Exact. Après les artisans arrivent les jardiniers. Ils aménagent de nouveau les parcs et les jardins. On rajoute peut-être un puits au village ou un tilleul au village pour améliorer encore plus le village, pour qu’il soit mieux qu’avant. Et un monument commémoratif. Peut-on imaginer cela ? » « Pas très bien. » « Eh bien, vous n’avez pas besoin de vous imaginer tout ça. Dites bonjour à votre âme, pour qu’elle fasse ça pour vous, comme ça vous n’avez pas à vous en occuper. Après il y a des personnes très importantes qui arrivent. C’est l’équipe de prévention. Ce sont eux qui veillent à ce que cela n’arrive plus. Ils peuvent planter la pente au-dessus du village par exemple, pour que les racines des arbres fixent la terre. Ils peuvent construire des murs et des grillages dans le style d’un paravalanche. Ils peuvent creuser un lit plus profond pour le ruisseau, peuvent construire des marches de barrage et des bassins de retenue ou même une déviation pour l’eau du ruisseau qui est de trop. »

After the storm

I’m using this story with stroke patients, with those who suffer from Multiple Sclerosis and with traumatised persons, including certain situations of separation and berievement. Most of all, it can be useful to support persons who want to recover their memory and access to their abilities.

The storm has done its work. The trees lay criss-cross in the forest. Their trunks block paths and streets. No traveller can make progress here. But when the storm is over, then comes the time of the lumberjacks. With their saws they cut free the paths, lift away the barriers and clear all the streets, starting with the outermost edge of the forest all the way to its innermost core.

Fred

« Ceci est une poubelle », a déclaré Louise alors qu’elle me remettait le monstre en carton-pâte avec le museau grand ouvert. À partir de ce moment-là Fred, le monstre de la poubelle, s’est trouvé assis dans la salle de délibération en attendant de la nourriture. Au début Fred se contentait des déchets du bureau. Pourtant alimenté par des déchets mentaux de beaucoup de conversations il prenait goût à toutes ces choses dont les clients n’avaient plus besoin et qu’ils voulaient laisser dans la salle de délibération. J’ai pris l’habitude de présenter Fred aux clients. Avec le temps Fred bouffait les mots maladroits du thérapeute et les pensées lourdes des clients. Il bouffait des souvenirs accablants et des habitudes mal aimées. Une cliente envoyait ses pensées dépressives même de la maison à Fred. À la fin Fred mangeait aussi ce qui me pesait lourd. Et la nuit il pouvait … consommer tous les rêves disgracieux.

Everything Else

In a land in our time there lived a man, who read a book and found lots of wonderful stories therein. There were true and invented stories, experienced and pensive, enjoyable and painful stories. There were stories which contained stories, and such which were actually not stories. For every story he read, there occurred to him nearly five which he had either experienced or thought up himself. So the thought came to him, that a lot in the world was a story which could be healing for himself and others; he only needed to absorb the healing stories well and to forget the terrible ones immediately. Then he would learn which story he had used when and for what. So he organised his own stories which he knew, and which had become a help to himself and others, or could become so. Sometimes he noted it down when a new story came to his ears and sometimes when a helpful story occurred to him, he memorised it.

Then he saw before him in a picture the storystories of this life arranged in long shelves, as in a large pharmacy. And behind the counter there sat a man who had learnt to listen to himself and others. He was a master of his subjectspecialty. His talent was that he understood how to tell the right thing at the right time to himself and to those who visited him.

The Seafarer

He was a seafarer. He sailed with freight ships to different countries along the coasts of Europe, Africa and South America. I asked him if he had ever experienced a bad storm. “I have experienced many storms”, he said. “I have experienced some storms where I thought: “We will never survive this!” And he stood before me and had survived, and could tell me about the adventures he had experienced.