Le loup de mer et le loup de terre

Un jour, le loup de mer reҫu la visite du loup de terre. Les deux se connaissaient déjà depuis l’école des loups. Le loup de mer avait parcouru le monde et vécut beaucoup d’aventures et il rentra chez lui riche de trésors et d’expériences. Le loup de terre était resté chez soi dans sa tannière. Il rencontra une louve de terre et eut des louveteaux de terre. Et maintenant, il a beaucoup de petits-louveteaux et des arrière-petits-louveteaux, et tous sont devenus de vrais, bons loups de terre.

«Parfois j’aimerais refaire ma vie», dit le loup de terre au loup de mer. «C’est la même chose pour moi», dit ce dernier. «Je ferais beaucoup de choses différemment», dit le loup de terre. «Oui, moi aussi», répondit le loup de mer. «Je naviguerais les océans», rêva le loup de terre. «Je me marierais», soupira le loup de mer. «Je vivrais des aventures», expliqua le loup de terre. «J’aurais des louveteaux», dit le loup de mer. «Je serais un loup de mer riche. J’aurais vécu des expériences  périlleuses et magnifiques, dont je pourrais raconter les histoires», dit le loup de terre avec enthousiasme. «Moi, j’aurais des petits-enfants et des arrière-petits-enfants qui m’aimeraient et qui s’occuperaient de moi quand je serais vieux et malade», assura le loup de mer.

«Et ce serait moi qui serait maintenant assis avec toi dans cette tannière de loup de mer», continua le loup de terre, « …et moi avec toi… », rajouta le loup de mer. Le loup de terre hocha la tête : «Et puis maintenant tu me dirais : “Parfois, j’aimerais bien refaire ma vie” et moi, je répondrais : “Oui, c’est la même chose pour moi.”»

Midsummer Night’s Dream

Another beautiful story by Katharina Lamprecht

One day, it was Midsummer and the Swedish days where as long as the dinner table for the king’s birthday. A wise old moose on his evening stroll met a young boy, sitting on a moss covered tree trunk, sobbing deeply. The old moose stopped and looked at the boy who did not notice him because of all his despair. Not until the moose nudged him with his soft muzzle did the boy raise his eyes. And just in front of him he saw the big brown eyes of the moose. He saw in those eyes all the stars in the heavens that he could not see before on this Midsummer night. So big, so deep and so endless the eyes seemed to be that he got the feeling he could just take a walk right into them. The stars where so beautiful, like jewels, iridescent and glittering in all colors he could imagine, scattered like the crumbles on grandma’s apple-pie, big ones and small ones, thick and thin ones, each of them meaningful and unique. At the sight of all those treasures the boy got the feeling he was surrounded by good friends, who bestowed upon him potency and love.

So they stood for a long time and looked at each other, the young boy and the old moose. Then the moose blew his warm and soft breath through the boy’s hair, turned around and faded into the forest. The boy looked after him for a long time, as if in trance, and only after a while did he discover that his infinite sadness had transformed. It was still there but all of a sudden there was also a happiness and cheerfulness. And he somehow felt that this had something to do with the stars he had seen in the fathomless eyes of the old moose.

He turned around and walked back home. And whistling happily away he kicked at the stones that laid on his way.

El lobo de mar y el lobo de madriguera

Antaño el lobo de mar recibió visita del lobo de madriguera. Ambos se conocían ya de la escuela de lobos. Después de terminar la escuela el lobo de mar había salido para recorrer medio mundo, había superado muchas aventuras y al final había regresado rico de tesoros y de vivencias.
El lobo de madriguera se había quedado en su propia cueva. Había encontrado a una loba de madriguera y habían tenido pequeños lobos de madriguera. Mientras tanto tenían muchos nietos y bisnietos de lobo y todos se habían hecho verdaderos, buenos lobos de madriguera.
“A veces deseo poder recomenzar mi vida”, dijo el lobo de madriguera al lobo de mar.
“A mí me pasa lo mismo”, contestó este.
“Haría de otra manera muchas cosas”, dijo el lobo de madriguera.
“Sí, yo también”, contestó el lobo de mar.
“Sería marino”, soñó el lobo de madriguera.
“Yo me casaría”, suspiró el lobo de mar.
“Superaría aventuras”, declaró el lobo de madriguera.
“Engendraría hijos de lobo”, constató el lobo de mar.
“Yo sería un lobo rico. Habría hecho experiencias malas y lindas de las que podría contar”, se apasionó el lobo de madriguera.
“Tendría nietos y bisnietos que me quisieran y que cuidaran de mi cuando me pusiera viejo y enfermo”, sostuvo el lobo de mar.
“Y ahora estaría sentado contigo en esta guarida de lobo de mar”, continuó el lobo de madriguera.
“… y yo contigo …”, le interrumpió el lobo de mar.
El lobo de madriguera confirmó: ”Y entonces me dirías ahora: ’A veces desearía que pudiera volver a vivir otra vez.’ Y yo contestaría: ‘Sí, a mi me pasa lo mismo’.”

(Por Stefan Hammel, traducción: Bettina Betz)

Le village de montagne

J’ai demandé à un client : « Si vous voulez, imaginez-vous une fois votre vie comme un village de montagne, dans lequel le fleuve a débordé et a amené beaucoup de boue et d’éboulis. Après ce malheur le conseil municipal se réunit avec les villageois, les pompiers et la protection civile et ils discutent de ce qui est à faire. Il arrive tout d’abord des gens avec des pelleteuses, des bulldozers et des camions pour enlever le plus gros des éboulis. Pouvez-vous vous imaginer cela ? » « Oui. » « Vous pouvez voir comment ils déblaient tout ça. Après l’équipe de rangement il arrive des gens avec des tuyaux et des balais. Ils enlèvent toute la boue et le sable du village, toute cette saleté qui est venue de l’arrière-pays. Vous pouvez voir comment ils font tout couler vers le bas dans la vallée. Vient ensuite l’équipe des artisans. Il y a des maçons, des plâtriers, des peintres, peut-être aussi des électriciens, des installateurs, des stucateurs, des restaurateurs. « Que font-ils d’après vous ? » « Ils peuvent plafonner ou cloisonner. » « Exact. Quoi d’autre ? » « Poser une moquette. Câbler. Placer des tringles à rideau. » « Exact. Après les artisans arrivent les jardiniers. Ils aménagent de nouveau les parcs et les jardins. On rajoute peut-être un puits au village ou un tilleul au village pour améliorer encore plus le village, pour qu’il soit mieux qu’avant. Et un monument commémoratif. Peut-on imaginer cela ? » « Pas très bien. » « Eh bien, vous n’avez pas besoin de vous imaginer tout ça. Dites bonjour à votre âme, pour qu’elle fasse ça pour vous, comme ça vous n’avez pas à vous en occuper. Après il y a des personnes très importantes qui arrivent. C’est l’équipe de prévention. Ce sont eux qui veillent à ce que cela n’arrive plus. Ils peuvent planter la pente au-dessus du village par exemple, pour que les racines des arbres fixent la terre. Ils peuvent construire des murs et des grillages dans le style d’un paravalanche. Ils peuvent creuser un lit plus profond pour le ruisseau, peuvent construire des marches de barrage et des bassins de retenue ou même une déviation pour l’eau du ruisseau qui est de trop. »

Après la vague

Quelqu’un m’a écrit : »J’ai été chargé de préparer un séminaire d’aide à soi-même ayant pour sujet « l’angoisse ». Tous les participants souffrent d’une épilepsie. Auriez-vous quelques idées sur les histoires que je pourrais y raconter ayant pour sujet l’imprévisibilité des crises et la détresse qui y est liée ? »

Ma réponse fut la suivante : »Je propose que vous racontiez quelque chose sur les habitants de quelques villages sur la côte ayant survécu au grand tsunami il y a quelques années. Ils ont été pour ainsi dire des témoins qui s’en sont sortis avec plus de peur que de mal. Les habitants d’un village ont toujours regardé la mer avec les nerfs à vif en attendant la grande vague suivante. Ils ont organisé toute leur vie de manière à y être préparés. On pourrait dire aussi qu’ils ont gâché toute leur vie avec cette préparation. Et la mer était presque toujours calme… Les habitants d’un village voisin y ont vécu presque comme si rien ne s’était passé. En abordant les dangers de la mer ils disaient : « Si nous partons, nous partons. Mais maintenant nous sommes là, complètement. » Et il y avait d’autres villages … Vous pouvez dessiner une carte sur un tableau à feuilles mobiles sur lequel ces villages sont représentés. Demandez aux participants de vous dire dans lequel des deux villages ils veulent vivre, ou comment vivent les habitants dans un troisième et quatrième village, ou alors où les participants du séminaire si ça se trouve aimeraient mieux vivre. Demandez aux participants ce que signifie ce contact souhaitable avec la mer, à quoi on le reconnait et à quoi est dû le fait que les villageois mènent une vie d’assez bonne qualité malgré l’ancien tsunami. Vous pouvez demander aux participants de dessiner d’autres villages pour d’autres comportements avec la mer qui est rarement sauvage et dans la plus part des cas calme. Vous pouvez demander aux participants de dessiner le comportement avec la mer sur la carte ou, si la carte est placée au sol, de le marquer avec des maisons de Monopoly. Il serait aussi possible de marquer le site actuel avec le comportement d’une mer qui est rarement sauvage et la plus part du temps calme et de marquer le site souhaité et de réfléchir pour savoir qui et quoi peuvent les aider à déménager du domicile A vers B. »

La respiration agréable

Une amie m’a appelée. Elle respirait extrêmement vite et de manière agitée et ne pouvait prononcer que quelques mots à la fois. Sa voix avait un drôle de son. Elle raconta que sa fille venait d’avoir un accident de voiture avec son bébé sur le siège arrière. Le bébé n’avait rien eu mais le SAMU avait transporté sa fille à l’hôpital car ils craignaient une fracture de la base du crâne. Elle-même avait dû rester où elle était ; elle devait garder le bébé et n’arrivait pas à savoir ce qui se passait avec sa fille. J’ai alors commencé à respirer et à parler de la même façon qu’elle et au bout d’un certain temps j’ai changé de rythme et ai ralenti peu à peu ma respiration et ma façon de parler. J’ai remarqué qu’elle me suivait instinctivement dans mon comportement et qu’elle se calmait. Sa voix sonnait claire et forte et ce qu’elle racontait maintenant sonnait plus positif qu’au début de la conversation. « Je te remercie de la façon dont tu m’as parlé », ont été ses mots quand elle termina la conversation.

L’interrupteur d’arrêt d’urgence

« Vous travaillez avec la méthode de l’hypnose ? », m’a demandé l’homme. « Alors vous pourriez tout simplement enlever-hypnotiser mon problème ». Il rigolait. Sa femme l’avait amené, il n’avait pas une grande envie de faire une thérapie. Je lui ai demandé « Quelle est votre problème ? ». « Il m’a frappé » a répondu la femme qui était assise à côté de lui. « En plus à ce moment-là j’avais notre fils sur les bras. » « C’était comme si quelqu’un avait appuyé sur l’interrupteur d’arrêt d’urgence » a-t-il dit. « Ca a été une réaction automatique. Cela n’aurait jamais dû arriver ». « Vous n’avez pas besoin d’être hypnotisé » ai-je répondu. « Vous pouvez faire ça vous-même. Est-ce que vous connaissez ces boîtes en verre rouges qui pendent dans les hôpitaux et les édifices publics avec un interrupteur qui déclenche une alerte incendie ? » « Bien sûr » a dit l’homme. « « Pourquoi y-a-t-il un verre devant ? « « Pour qu’on ne la déclenche pas par erreur ». « Et si on prenait une vitre très fine comme une lame porte-objet pour un microscope ? » « Elle casse quand on se cale contre ». « Qu’en est-il du verre blindé ? » « C’est trop épais. » « Réfléchissez à l’épaisseur pour que votre femme ne puisse pas la défoncer. Regardez cette vitre et mettez-la en place. »

The Wash

This is another story by my colleague and friend Katharina Lamprecht

Once there was a little ghost, who felt so down and out that it could not even find any pleasure in haunting its tiny world. The days seemed to be like huge impassable mountains and even the tiniest movement was too much for it. It felt so run down that a gust of wind was able to grab it and sweep it into a washing trough, where linen was being soaked. Too wet, too heavy in body and mind and too tired the little ghost sighed and sank to the bottom of the trough.
Now because it looked exactly like a linen, the washer women took it through the whole procedure of wringing and mangling and put it on the clothesline in the end. There it was, hanging down from the line, flabby and damp and drifting feebly in the summer breeze.
The more it dried, the more effortlessly it flapped around on the clothesline but in its sad and doleful condition it could not feel or sense its lightness. But then a little girl walked by, stopped and looked at it for a while. Then, with a yearning in her voice, she said, “Oh, if I were able to fly so easily in the wind, I would laugh and sing and enjoy my day”. She went off but the little ghost looked after her for a long time and thought, “Oh, you would, would you?” and started to move just a tiny little bit on its own.

Coger zarzamoras

Cuando era niño, a menudo ayudaba a mis padres en el jardín. Me acuerdo de como mi padre me instruyó a cosechar zarzamoras: “Toma una mora en la mano y tira un poco de ella. No fuertemente, solo un poco. Si está madura, cae en tu mano por sí misma. Si no se suelta por sí misma, déjala. Todavía tiene un sabor agrio.”