Le nom secret

Quand un enfant indien arrive au monde il reçoit un nom de ses parents. Ce nom n’est que provisoire, c’est-à-dire il peut changer ou être complété par un autre nom. De la part du sorcier de la tribu l’enfant reçoit en outre un nom secret qui est son vrai et propre nom et connu seulement de lui. Personne ne peut toucher à ce nom. Personne ne peut en faire un mauvais usage. Son vrai nom n’appartient qu’à lui. L’enfant indien reçoit aussi une pierre de la part du chamane. Si le sorcier meurt avant que l’enfant ait appris son nom de sa part, le jeune indien se retire à un endroit désert. Il reste à cet endroit jusqu’à ce que la pierre lui dévoile par un rêve ou une autre révélation son vrai nom. Dans beaucoup de ces pierres il y a des druses, ce sont des cavités avec des pierres précieuses. Dans d’autres il y a de l’or, et dans toutes il y a un enchantement curatif et la force du nom clandestin.

Après la tempête

Pour cette histoire (l’une d’avant-hier) j’ai aussi la traduction Française…

La tempête a fait son œuvre. Dans la forêt il y a des arbres dans tous les sens. Ses troncs encombrent les chemins et les routes. Aucun voyageur ne peut y avancer. Mais une fois que la tempête est passée, le temps pour les ouvriers forestiers est arrivé. Ils dégagent les chemins avec leurs scies, enlèvent les barrières et libèrent toutes les routes, du bord extrême de la forêt jusqu’à son intime intérieur.

La villa

Une architecte souffrait de la Maladie de Crohn. La maladie auto-immune et les traitements avec des corticoïdes et des interventions chirurgicales avaient mis son corps à rude épreuve. Après une certaine période d’entretiens thérapeutiques, la maladie semblait s’être calmée. Je lui posais la question : »Supposons que ton corps soit une maison précieuse en attente de sa rénovation – à quoi ressemble cette maison dans tes pensées ? » Elle décrivit une villa dans le style de la Gruenderzeit ( fin du 19ème siècle ), entourée de verdure, équipée de précieux ouvrages en stuc, de magnifiques tapisseries et de beaux meubles. La maison avait été abandonnée depuis très longtemps. Partout il y avait des traces d’infiltrations d’eau, de fissures dans les murs et de plâtre qui s’effritait. Une grande partie de ce qui était autrefois beau semblait délabré et usé. « Quels travaux les restaurateurs ont-ils à effectuer ? » je la questionnais. Elle dénomma différentes activités et nous avons réfléchi sur l’ordre dans lequel elles seraient à effectuer. Dans les conversations suivantes je lui ai à chaque fois demandé si les travaux de rénovation avaient progressé et à chaque fois les artisans avaient progressé. Comment aurait-il pu en être autrement : les rénovations vont vers l’avant, ne reviennent pas en arrière. La métaphore exclue les régressions. Une fois l’image acceptée, le cerveau exclut chaque comportement corporel ne correspondant pas à la métaphore. La femme a dit une fois : « trop de substance originale a été perdue de telle sorte que les artisans ne peuvent plus faire une restauration conforme à l’original. Ils ajoutent par analogie ce qui manque selon ce qui a pu être à l’origine. » Après plusieurs semaines elle me signala que les restaurateurs avaient terminé leurs travaux. La villa était complètement rénovée. C’était il y a environ quatre ans. Son état s’est considérablement amélioré. ( S. Hammel, Handbuch des therapeutischen Erzählens /Manuel de narration thérapeutique, 62f. )

Le myome

J’ai dit à l’amie « quand tu te réveilleras cette après-midi » l’opération sera passée et le myome sera parti. Tu t’es demandé s’il y a eu un élément déclencheur pour son origine. En fait peu importe ce qu’il y avait à l’origine. Ce que tu peux faire c’est la chose suivante : Rappelle-toi des expériences accablantes et peut-être traumatisantes et d’autres choses que tu veux lâcher et dont tu veux te débarrasser. En pensée, mets tout ce dont tu n’as plus besoin dans le myome. Et quand tu te réveilleras cette après-midi tu les auras toutes envoyées sur le chemin. » L’amie a déclaré plus tard qu’elle avait réalisé la proposition et avait transféré dans le myome ses réactions aux différentes expériences accablantes de son passé. Elle a vécu cette approche comme libératrice. Après l’opération elle s’est vite remise et s’est sentie plus forte et plus active que dans les mois précédents.

Pour cette intervention thérapeutique il y a beaucoup de variations dependant sur la situation unique d’une traitement : On peut mettre le trauma en cas de gastro ou de boulimie dans le contenu de l’estomac, en cas de chimio dans les cheveux, le libérer pendant le passage aux toilettes …

Fred

« Ceci est une poubelle », a déclaré Louise alors qu’elle me remettait le monstre en carton-pâte avec le museau grand ouvert. À partir de ce moment-là Fred, le monstre de la poubelle, s’est trouvé assis dans la salle de délibération en attendant de la nourriture. Au début Fred se contentait des déchets du bureau. Pourtant alimenté par des déchets mentaux de beaucoup de conversations il prenait goût à toutes ces choses dont les clients n’avaient plus besoin et qu’ils voulaient laisser dans la salle de délibération. J’ai pris l’habitude de présenter Fred aux clients. Avec le temps Fred bouffait les mots maladroits du thérapeute et les pensées lourdes des clients. Il bouffait des souvenirs accablants et des habitudes mal aimées. Une cliente envoyait ses pensées dépressives même de la maison à Fred. À la fin Fred mangeait aussi ce qui me pesait lourd. Et la nuit il pouvait … consommer tous les rêves disgracieux.